Conscience
La petite histoire
Comprendre simplement
Domaines de présence
Son interprétation dans l'avenir
Les références
Mais encore …
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La petite histoire  Up Page
Origine, raisons, hasard
Etat mental difficilement saisissable, donnant lieu à débats passionnés et passionnants, il est généralement admis que la conscience d'être soi apparaît chez l'enfant dès l'âge de 2 ans. Le privilège de l'homme? "Le test de la tache" apporte des éléments de réponse.
Ainsi dans une expérience célèbre de 1970, Gordon Gallup (State University of New York) a montré que certains primates non humains possèdent une représentation de soi (2). Des chimpanzés (Pan troglodytes), que l'on endort et sur le front desquels on trace une marque de couleur, y portent la main dès qu'ils se réveillent et se voient dans un miroir. Ils sont par ailleurs capables d'utiliser un miroir pour explorer des parties cachées de leur corps. Gallup avait d'abord interprété ce résultat en termes de conscience de soi ; puis en réponse à des critiques, il a postulé que ces sujets étaient en mesure de traiter leur image dans le miroir comme le reflet d'eux-mêmes et non comme un congénère : il s'agissait d'une représentation de soi.
Cet examen de conscience n'a été franchi avec succès que par les singes les plus proches de l'homme: chimpanzés, orangs-outans et gibbons.
En 2001, deux dauphins du New York Aquarium ont été capables de se reconnaître dans un miroir. Si cette expérience, encore controversée, se confirmait, la question de la conscience se poserait alors chez un grand nombre d'animaux.

Comprendre simplement  Up Page
Test de la tache colorée
La reconnaissance de son reflet par l'enfant _ qui survient généralement entre 1 an et demi et 2 ans _ est l'une des étapes clés de la constitution de la conscience de soi. En 1969, le psychologue américain Gordon Gallup imagine un moyen de savoir si les animaux, eux aussi, se reconnaissent dans une glace: il habitue des chimpanzés à la présence d'un miroir puis, après quelques jours, les anesthésie et leur peint des marques rouges sur le visage. A leur réveil, en se regardant dans le miroirn les singes touchent immédiatement leurs marques et, parfois, regardent ensuite leurs doigts. Baptisée "test de la tache colorée", cette expérience est la preuve, selon Gallup, d'une reconnaissance de soi chez les primates.
Jusqu'ici, seuls les chimpanzés, les ourangs-outans, les gorilles et les hommes sont parvenus à réussir ce test. Les scientifiques ont montré que d'autres espèces animales (comme les éléphants ou les perroquets gris d'Afrique) savent se servir d'un miroir comme outil, pour guider leurs gestes ou trouver des objets cachés.

Domaines de présence  Up Page

Ethologie cognitive Diana Reiss, directrice de recherche aux laboratoires Osborn de sciences marines de l'aquarium de New York, et Lori Marino, maître de conférences en neurosciences et biologie du comportement à l'université Emory, à Atlanta (Géorgie), ont imaginé un moyen de mettre en évidence les réactions, face à un miroir, de deux grands dauphins (Tursiops truncatus) de l'aquarium de New York, à Brooklyn.
Elles ont tout d'abord faussement "marqué" ces grands mammifères à l'aide d'un feutre incolore. Puis elles ont dessiné de vrais taches (avec une encre non permanente) en différents endroits: au-dessus de l'oeil, derrière l'orifice auditif, sous la nageoire pectorale ... Après chaque contact avec le feutre, qu'il soit rempli d'encre ou d'eau, les deux dauphins pouvaient se déplacer dans un bassin où était placé un miroir, sous l'oeil de caméras.
Les deux Américaines ont constaté que, non marqués, les dauphins passaient quelques instants devant le miroir puis s'en désintéressaient rapidement. Mais, lorsque leur corps portait des taches d'encre, ils se contorsionnaient longuement pour mieux s'observer dans le miroir. L'un d'eux a même effectué douze pirouettes de suite face à la glace ! Diana Reiss et Lori Marino racontent avoir vu un animal marqué sur la langue ouvrir et fermer plusieurs fois le bec devant le miroir _ un comportement jamais observé auparavant.
 
Psychologie comparée
Pour Diana Reiss et Lori Marino, "c'est la première preuve convaincante de la capacité d'une espèce non primate à se reconnaître dans un miroir". Ces conclusions sont pourtant mises en doute par d'autres scientifiques. Parmi ceux-ci, l'inventeur du test de la tache colorée lui-même. Gordon Gallup, aujourd'hui professeur de psychologie à l'université d'Albany (Etat de NewYork), doute de la validité des déductions de Reiss et Marino. "Cette étude ne prouve pas de manière absolue que le dauphin reconnaît son image", objecte-t-il. "Ce n'est pas parce qu'il passe plus de temps devant le miroir, ou qu'il s'oriente de manière à apercevoir les marques, qu'il se reconnaît. Il se rend compte qu'il agit sur l'image en face de lui, mais cela n'implique en rien une quelconque reconnaissance de soi. Je n'ai pas besoin de savoir que c'est moi qui suis dans le miroir pour comprendre que je peux manipuler cette image: je lève un bras, et l'image lève un bras".
En somme, pour Gallup, le dauphin serait juste intrigué; il jouerait simplement à faire bouger les taches de l'animal en face de lui. "C'est exactement ce qui se passe avec les macaques rhésus, précise-t-il, des singes qui n'ont jamais réussi le test du miroir."
Cependant, l'étude des deux Américaines montre que le dauphin ne s'intéresse absolument pas aux marques faites sur son compagnon. "Pourquoi prête-t-il particulièrement attention à ses propres taches si ce n'est parce qu'il se reconnaît?" rétorque Diana Reiss.
Sur ce point, Gordon Gallup hésite: "Il est difficile de comprendre pourquoi les dauphins accordent un tel intérêt à leurs marques alors qu'ils ignorent celles des autres", reconnaît-il. Mais le psychologue soulève une autre objection: "Reiss et Marino ont relevé que les dauphins passent beaucoup de temps à examiner leurs taches. or, les chimpanzés, qui se reconnaissent dans un miroir, perdent rapidement tout intérêt pour les marques une fois qu'ils ont compris qu'elles ne portaient pas à conséquence. Tout le monde aimerait croire que les dauphins sont des créatures très proches de nous ... Mais j'ai bien peur que la vérité soit moins poétique", conclut le chercheur.

Son interprétation dans l'avenir  Up Page
Capacités émotionnelles et sociales
Le volatile - un perroquet gris d'Afrique - sait compter jusqu'à six, peut citer près de sept couleurs, et parvient à identifier une cinquantaine d'objets. Le plus surprenant c'est qu'il ne se trompe jamais et ne cite pas un chiffre à la place d'une couleur. Alex comprend ce qu'il dit et c'est ce qui le rapproche de l'intelligence humaine, il ne réagit pas par stimuli extérieur mais réellement par analyse et jugement.
Quand Alex dit à Irène Pepperberg "viens ici !", il veut vraiment voir sa maîtresse accourir auprès de lui. "De tels oiseaux ont des capacités émotionnelles et sociales du niveau de celles d'un enfant de trois ans", souligne la scientifique américaine.
 
A une question posée du type: "tu veux rentrer dans ta cage ?", il répond très spécifiquement, "Je veux rentrer dans ma cage..."
Quand Irène Pepperberg montre à son protégé deux clefs l'une rouge l'autre verte, en l'interrogeant sur la différence entre les deux objets, il répond: "la couleur !". Personne n'a encore pu dire si oui ou non Alex fait plus que parler, s'il est apte à réellement exprimer une forme de pensée. Les sceptiques ne voient à la rigueur qu'un phénomène de foire mais d'autres, à l'image d'une partie croissante de la communauté scientifique, persévèrent à tenter d'élucider le mystère de l'intelligence animale.

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Je crois que, si les êtres humains que nous sommes ne parviennent pas toujours à évoluer comme ils le souhaiteraient _à s'épanouir professionnellement, sentimentalement et sexuellement (ce que j'appelle les "trois pôles d'intérêts", en psychologie)_ c'est parce qu'il y a des barrages qui entravent leur désir d'accéder à un rêve inachevé. Je pars du principe que tout est possible, à condition de s'entourer de gens qui nous poussent à croire en nous.
 
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Ce que vous avez toujours voulu savoir
 
Notion de conscience
Les divergences d'interprétation, qui tournent parfois à la polémique, sont monnaie courante dans ces disciplines complexes que sont l'éthologie cognitive et la psychologie comparée. Toute la question est de savoir dans quelle mesure le test de la tache permet d'établir un éventuel lien entre reconnaissance de soi et conscience de soi. "Nous supposons que la plupart des animaux ne reconnaissent pas l'identité de l'image que leur renvoie le miroir parce qu'ils n'ont pas conscience de leur propre identité", écrivait Gordon Gallup, en 1998, dans Scientific American. Mais, des suppositions aux preuves, il y a ce long chemin que les chercheurs en éthologie et en psychologie comparée n'ont pas fini d'arpenter.
Coauteur d'une récente étude montrant que les grands dauphins sont capables d'interpréter spontanément différents symboles de la communication humaine, Robin Dunbar franchit le pas et affirme: "Si, les dauphins sont conscients ! Autrement, comment pourraient-ils répondre avec une telle flexibilité aux situations qui se présentent à eux ? On ne pas expliquer cela par de simples réactions mécaniques aux stimuli de l'environnement".
Mais c'est la notion même de conscience qui'l reste à définir clairement. "C'est un tel problème, avoue Robin Dunbar, que, de nos jours, les chercheurs en sciences cognitives n'osent même pas aborder."
 
Certains mammifères marins se reconnaissent
Dans les années 1990, des expériences du même ordre ont été menées sur des mammifères marins. Ken Marten, du Long Marine Laboratory (Université de Californie, Santa Cruz), a travaillé sur des lions de mer (Zalophus californianus), puis, avec Suchi Psarakos et Fabienne Delfour, sur les dauphins souffleurs (Tursiops truncatus) et les pseudorques (Pseudorca crassidens) au Sea Life Park (Hawaii). Fabienne Delfour a étudié les orques (Orcinus orca) au Marineland (Antibes, France).
 
Dans tous les cas, était recherchée la présence de comportements suggérant un auto-examen à partir de l'image spéculaire (dans le miroir) : bouger rythmiquement la tête, tirer la langue, émettre des bulles, jouer avec des objets, etc. Ces comportements étaient comparés à des situations sociales (confrontations à des congénères connus ou inconnus), afin de distinguer les comportements auto-dirigés des comportements sociaux.
Comportements auto-dirigés Orques Dauphins Pseudorques Lions de mer
Mouvements répétitifs de la tête + + +- -
Ouvrir la gueule + + +- -
Ouvrir la gueule & bouger la tête + + + -
Corps vertical face au miroir + + + -
Emission contrôlée de bulles + + + -
Tirer la langue & bouger la tête + - - -
Jouer avec des objets + + - -
Informations © Vivant

 
La vidéo, en direct ou en différé
Ken Marten et Suchi Psarakos ont réalisé différentes expériences utilisant des vidéos sur quatre dauphins souffleurs [2, 5]. Soumis à leur image télévisuelle, ils ont manifesté des comportements auto-dirigés en temps réel mais pas en différé (lorsqu'ils voyaient une image préenregistrée d'eux-mêmes). Ces mêmes dauphins se sont positionnés de façon à pouvoir observer la partie de leur corps marquée et ont utilisé l'angle de prise de vue (frontal et latéral) de façon à poursuivre leur examen lorsqu'ils étaient soumis à leur image en direct.
L'absence de comportements sociaux et la présence de comportements auto-dirigés et contingents ont permis de conclure que les dauphins percevaient leur image télévisuelle comme une représentation d'eux-mêmes et non comme celle d'un congénère.
 
Vidéo et signature sifflée
On peut encore aller plus loin. Les dauphins possèdent en effet une signature sifflée individuelle. Avec Ken Marten, l'un d'entre nous (F. Delfour) a testé leur capacité à associer une signature sifflée à la représentation visuelle du dauphin émetteur du sifflement . Nous avons demandé à des sujets d'associer d'une part un sifflement de dauphin avec la séquence vidéo de ce dauphin, d'autre part une voix humaine avec la séquence vidéo de cette personne. Pour cela, nous avons utilisé pour la première fois un écran tactile sous-marin qui permet de projeter des images.
Les dauphins ont montré un vif intérêt et une aptitude à utiliser de façon adéquate ce nouvel outil en associant le bon son à la bonne séquence vidéo. Ces premiers résultats valident l'utilisation du dispositif. Ils ouvrent de grandes perspectives car c'est la première fois que l'on démontre que les dauphins sont capables de se reconnaître sur des sequences vidéo et d'associer la bonne signature sifflée à l'animal qui la produit.
 
Docteur Fabienne Delfour
Du Laboratoire de Biologie du Comportement, Université Grenoble 2.
En haut, à gauche : orque femelle marquée sur son rostre avec deux crèmes antiseptiques qui contrastent avec la pigmentation naturelle de la peau. À droite : elle s’examine de face dans un miroir ; on peut encore voir des traces de coloration sur sa peau.
En bas, à gauche : une femelle se regarde dans le miroir ; à droite : elle tire la langue face à son image.
Reste que, dès lors que l'on s'attache à analyser les phénomènes de conscience et de conscience de soi, le recours à d'autres indices que celui de la reconnaissance de soi est indispensable (voir le tableau 2). Il faut ainsi comprendre si un sujet se représente ce que l'autre sait ou ne sait pas, c'est-à-dire lui attribuer des états mentaux.
Certains chercheurs qui travaillent sur les primates non humains sont encore très partagés sur les résultats obtenus, notamment pour la présence effective de certains états mentaux chez les gorilles et les singes capucins ; par exemple ces derniers ne parviennent pas à reconnaître leur image dans le miroir. L'attribution d'états mentaux chez les mammifères marins demeure pour sa part encore inexplorée ; c'est un sujet très difficile qui suscite beaucoup de débats dans la communauté des cétologues et qui soulève de nombreuses difficultés expérimentales.
 
Indices suggérant l'existence d'une conscience (de soi)
  Humains de plus
de 18 mois
Chimpanzés bonobos Orangs outangs Gorilles Petits singes Dauphins Orques Lions de mer
Comportements auto-dirigés + + + -+ - + + -
Test de la tache + + + - - + + ?
Attribution d'intentions + + ? ? -? ? ? ?
Attribution de savoirs + + ? ? - +? ? ?
Empathie + +- ? ? -? +? ? ?
Mensonge + + ? + ? ? ? ?
Avant l'âge de 18 mois, l'enfant humain ne satisfait pas pleinement les critères mentionnés ci-dessus.